VICTOR ALARCON
Comment as tu commencé la céramique? Ça a d’abord été une rencontre avec les potiers, particulièrement avec leur manière de vivre extrêmement solidaire. Le lien était le travail de la terre, alors je m’y suis mis à mon tour et c’est ce dialogue avec la matière qui est devenu le plus important pour moi aujourd’hui.
Mon travail c’est un flirt avec le kitsch, l’histoire d’un gosse trop fardé. Une céramique carton-pâte qui nous immerge dans les rayons des supermarchés Jouet Club. Je m’inspire librement de formes classiques que je pimpe dans un rapport gourmand à la matière. Ce sont des images expressives voir enfantines de ce qu’aurait pu être une poterie. J’essaie de figer le caractère plastique et la mollesse de la porcelaine dans ma céramique, le tout enrobé de sucre glace
J'ai vu que tu avais une série intitulé Gamelle, pourquoi ce nom? J’avais surnommé « gamelles » les séries utilitaires de petit format, car ce mot est populaire, ça fait penser aux enfants, aux animaux, il y a quelque chose de vulgaire là-dedans qui me plait. J’aime rabaisser la porcelaine au rang de pâte à modeler, l’email à de l’acrylique. C’était aussi un peu ironique car c’est bien dans ces choses que je passe l’entièreté de mon énergie.
Ou travailles tu et pourquoi? Cela fait deux ans que je suis installé en Bourgogne dans un petit village, on est monté en collectif avec de vieux amis qui font aussi de la terre. Ici on partage l’atelier la maison, les repas, tout est en commun. On a un grand jardin, une boutique et la rue qu’on investit souvent pour travailler.
Tu sembles être passé de la représentation du corps, en mutation, à l'objet, pourquoi ce choix? Passer de la représentation du corps à l’objet, c’est un concours de circonstances, j’utilisais le moulage et il me fallait de l’espace que je n’ai plus eu à un moment. Je me suis concentré sur le modelage et le tournage, que je pratiquais déjà beaucoup. L’utilitaire est devenu un motif d’expression à part entière. Je crois que la représentation persiste encore à travers l’objet.
J'ai vu que tu avais fait beaucoup de stages chez de nombreux céramistes, qu'as tu tiré de ses expériences? Oui j’ai fait pas mal de stages, les stages c’est puissant ce sont des immersions dans la vie intime des gens. Ce que j’ai appris, outre l’art de vivre avec peu de moyen, transpire lentement tous les jours dans mes mains. Ce sont des gestes, des techniques mais surtout une écoute de la matière.
Planifies tu ce que tu fabriques? quelles techniques préfèrent tu utiliser? Pour les formes je fais des croquis un peu débraillés qui me donne des pistes que je développe ensuite directement sur la terre, pour les couleurs c’est différent, c’est vraiment le plus dur pour moi, la forme il y a toujours la possibilité de revenir en arrière ce n’est jamais foutu avant que ce soit foutu, mais la couleur c’est du one shot, alors j’expérimente sur des tessons, puis sur des bols avant de passer sur des plus grand volume.
Ma technique préférée c’est d’y mettre les doigts, que ça soit sur le tour ou au colombin, j’aime rentrer dans la matière, la voir se déformer rapidement jusqu’au point de rupture.
Ou peux t-on trouver ton travail? Pour voir mon travail cette année rien n’est sûr. Il y aura normalement en juin la biennale de céramique contemporaine de Chantemerle-les-Grignan et sinon j’expose toujours des pièces chez @nousparis dans le 9ème.
Intagram: @Vickyceramic