BROOK SIGAL
« Apprenez la technique, imprégnez vous de l’histoire de la céramique, restez frais, soyez patient, et n’écoutez pas tout le monde »
Depuis quand travailles tu la céramique? J’ai eu 2 formations de céramiste. L’école d’autodidacte qui commença en 1995 avec l’apprentissage de la matière ‘argile’, des techniques de manipulation et de cuisson (smoke and salt firing auprès de Jane Perryman et Marcus O-mahoney) et l’histoire de la céramique dans des livres et les grandes collections de Musées. Ce qui m’amena à Central Saint Martins à Londres (2013-2015) pour décanter mon acquis technique et culturel et le confronter à la nouvelle génération de céramistes et designers dans un cadre exceptionnel. C’est là que j’ai appris à ajouter dans mon travail la dimension du ‘pourquoi’ , une importante question qui joue désormais un rôle majeur dans mon travail et comment je le définie.
Quel vocabulaire définie ton travail? J’aime l’image du « raconteur d’argile », une description que j'emprunte à la collègue et «raconteur de matériaux», Yesenia Thibault-Picazo. Passant par la forme et la fonction de la forme, les propriétés physiques et chimiques du matériau, l'exploration des nouveaux procédés de fabrication, la décoration ...enfin, les histoires d’argile abondent.
Ton travail a beaucoup tourné autour de l'eau, quelle rapport entretiens tu avec la terre et l'eau? l'eau et l'argile vont de pair. La présence d'eau donne a l'argile une incomparable malléabilité, l'absence d'eau lui permet d'être cuit pour devenir des formes impérissables et précises. Mais ta question fais plutot référence à mon projet de Central saint martins lorsqu'en 2015 j'ai conçu un pichet pour l’eau et son biofiltre, invention inspirée par des environnements géologiques spécifiques qui changent l'identité chimique de l'eau de robinet en la purifiant et la remineralisant . J'adore ce projet. Il s'agissait d'apprécier l'eau différemment, de remonter a la source pour la ressourcer comme dans la nature.
Qu'as tu tiré du projet Tone Water? Une bouteille en papier jetable qui minéralise et personnalise l'eau du robinet pour le consommateur en déplacement. Plus d'eau en bouteille. plus de déchets plastiques. ... et la necessite de creer des liens plus etroits entre designer, ‘maker’ et entreprenariat
Que gardes tu de ton expérience à Salernes, auprès d'artisans céramistes? J’ai ete accueillie par De Martino Fornace pour realiser une serie de parquets en terre cuits dans four à bois et peints au maiolique. Situés à Rufoli, c’est une entreprise familiale qui existe depuis le XVe siècle.dans les montagnes au-dessus de Salerne, Italie. ils m'ont donne l’honneur de travailler avec eux, et appris l'immense richesse et la responsabilité de transmettre le savoir-faire de génération en génération, leur immense noblesse et dévouement envers leur labour ardu, le soin et preservation de l'argile comme une ressource precieuse. D'un point de vue plus technique, j'ai appris à rester eveillée toute la nuit pour alimenter un four et demander protection au saint, que l’on peut juste regarder la couleur des braises pour connaître sa température, qu’une cuisson ratée est plus que le cout en argent, la necessite de passion pour proposer l'excellence et rivaliser avec d'autres fabricants...et la joie de les connaitre et d’avoir pu travailler a leurs cotés.
Aujourd'hui comment définie tu ton nouveau projet? de quoi parle t-il? J’ai choisi une forme longue et fine qui me plait. Cela commencait avec l’idee de proposer de vases sculturales pour compositions florales contemporaines. Les parametres de la forme me permettent ensuite d’explorer toutes sortes de declinaisons : des vases piece unique avec des emaux particulier; des vases – bouleaux qui ressembent a des forets; des vases qui servent de toilent pour des peintures abstraites; des vases qui s’entrelacent....
La texture semble être un fil conducteur dans ton travail, comment sais tu quand un objet est achevé? quel genre de rythme cherches tu? Plus que texture je dirai matière et l’histoire qu’elle raconte. Des un tres jeune age, avant de regarder le sujet, je regardais sa matiere, sa technique, sa palette de couleurs. Il y a des personnes qui ont un riche vocabulaire de mots, j’ai un riche vocabulaire de matieres et faconnements.
Quelle est le dernier projet en date? En collaboration avec la Mine Projects, nous avons proposé pour la Biennale Engrenages 2020, sur le theme des Ressources la celebration de la Nature par la figure paienne de Terra Mater.
Quelles conseils as tu a donner à des jeunes artistes céramistes? Apprenez la technique, impregnez vous de l’histoire de la ceramique, restez frais, soyez patient, et n'écoutez pas tout le monde. Ne jugez pas votre travail uniquement par les criteres esthétiques. Realisez vos reves..ou tout du moins tentez le.